Dans mon premier article sur Fautrier, daté du 2 Décembre (avant-dernier article de ce blog), j'ai émis quelques questions et hypothèses quant aux échos suscités par son oeuvre, notamment par sa série des "Otages". Ces échos concernent, entre autres, la première des guerres auxquelles l'artiste a été confronté, celle de 1914-1918.
Ils se sont fait entendre à travers mon travail sur les artistes dans la guerre mais aussi par des associations avec d'autres champs de recherche sur le trauma. Je n'affirme rien sur l'artiste mais ma réceptivité à son oeuvre ainsi que des textes sur sa biographie et sa production ont aiguisé mon attention aux symptômes de l'écriture.
Hercule , 1925 |
En effet, quand des passages de textes de critiques ou d'historiens d'art ne semblent pas aller au-delà d'une répétition de ce qui s'est déjà écrit sur l'interprétation d'une oeuvre d'un artiste, cela peut être reçu comme un symptôme, au sens psychanalytique du terme. Qu'est-ce-que vient dire une répétition de ce type, comparable à un "copier-coller", non inscrit dans son nouveau contexte ? Et derrière cette question en apparaît une autre: peut-on vraiment ramener strictement une oeuvre à un événement particulier? Est-on obligé de s'en tenir là, même si l'artiste lui-même a pu valider cette explication?
La série des "Otages", en tout cas, m'en disait plus qu'une illustration de ce qu'avait éprouvé Fautrier devant cet évènement de la fusillade des résistants. Elle me disait obscurément quelque chose de plus qui avait dû résonner en lui, précédent l'événement présent.
La série des "Otages", en tout cas, m'en disait plus qu'une illustration de ce qu'avait éprouvé Fautrier devant cet évènement de la fusillade des résistants. Elle me disait obscurément quelque chose de plus qui avait dû résonner en lui, précédent l'événement présent.
lac bleu, 1926 |
J'ai livré mes petites trouvailles sur le blog comme on jette une bouteille à la mer, en regrettant mon peu d'éléments pour avancer un peu plus, comme cela aurait été possible, par exemple, avec la correspondance de Fautrier.
Dès le lendemain de la publication de l'article, je recevais en retour une émouvante confirmation de mes hypothèses. Jacqueline, dernière compagne de Fautrier, trouva le moyen de me contacter et me fit part de ses remerciements chaleureux pour avoir écrit "des choses que personne n'avait écrites sur lui", concernant notamment l'impact de son expérience de la guerre de 14 sur la série des "Otages", liée officiellement à la guerre de 40.
Sans doute conduisent-elles parfois à des découvertes ne concernant que notre histoire personnelle et notre propre vie psychique. Mais il arrive aussi qu'elles soient le fruit d'une rencontre qui fait surgir quelque chose de l'ordre d'une vérité, partageable et reconnaissable par d'autres. C'est le plus souvent indécidable immédiatement, mais parfois confirmé après-coup.
Les illustrations ci-dessus ne font pas partie de la série des "Otages" mais viennent de tableaux du Musée d'art moderne de la ville de Paris qui consacre une salle aux oeuvres de Jean Fautrier.
Ci-contre le timbre poste édité cette année à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à mettre un commentaire, même anonymement en cliquant sur "commentaires" puis en déroulant le menu jusqu'à "anonyme".