Un bois ? Pourtant
dans ce film celui-ci apparait sans limite, offrant des fonds où se perdre et se cacher. Il pourrait bien avoir accueilli la Belle au Bois Dormant pendant des
siècles ! Et l’on pourrait y voir
surgir toutes sortes d’animaux étranges et fascinants, on pourrait y entendre
des cris et des chants, échos d’un autre monde. Il est vrai cependant que pour la
Belle il s’agissait aussi d’un bois…là où les frayeurs et les mystères qu’il
cachait semblait plus à la mesure d’une forêt, et même amazonienne…
Les histoires racontées
dans ce film sont le fruit de rencontres faites par la cinéaste, Claire Simon.
On pourrait même dire qu’elles racontent indirectement ces rencontres tout autant que des vies. Une approche du bois et de ses habitants, une pénétration
patiemment revue au montage, et reconstruite.
Une cocréation aussi, si l’on en
croit ce que Claire Simon dit à Michel Ciment dans l’émission « Projection
privée » du samedi après-midi sur France culture. En étant filmées, ces personnes
interrogées font œuvre également, dit-elle. J’ajouterais
bien: d’abord en recréant ce bois par les usages qu’elles en font. Usages
multiples et insolites, parfois cocasses ou pathétiques…
Les lieux
institutionnels du bois de Vincennes ne sont pas retenus ici. Ni la
Cartoucherie, ni le centre équestre, ni le terrain de courses, ni le parc
floral. En revanche, l’ancienne faculté de Vincennes y prend une place
symbolique par l’absence de traces qu’elle y a laissées depuis trente ou
quarante ans. Cette absence fait parler et s'étonner la fille d’un des philosophes qui attisaient à l'époque le désir de penser dans ce lieu, Gilles Deleuze.
Mais paradoxalement, les arbres ont eux-mêmes contribué à cet effacement, pour la satisfaction de
bien des hommes politiques, ceux d'alors et ceux d’aujourd’hui...
Elles sont à la mesure
des forêts primitives, celles dont parlent les spécialistes, botanistes et explorateurs, tels Francis Hallé avec son film "Il était une forêt" et
qui invitent les humains à élargir leur vision du monde à une échelle démesurée
dans l’espace et dans le temps.
Belles invitations à penser
et à rêver que nous proposent ces contes, ces recherches et ce film, au titre
si prometteur : « Le Bois dont les rêves sont faits »
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